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"Félibrige et religions"

Les rapports du Félibrige avec les religions présentes dans les régions de langue d'oc ne sauraient être réduites à quelques stéréotypes. Le Félibrige s'est voulu non confessionnel et a dû tenir compte de la diversité religieuse du Midi, de la variété des convictions ou des refus de ses membres, voire d'un certain "paganisme gréco-latin" présent dans ses productions littéraires. Mistral a su faire leur place aux Juifs du pape, aussi bien au Museon arlaten que dans le Trésor du Félibrige. En revanche, ses rapports avec le protestantisme ont été difficiles. Napoléon Peyrat, l'historien du catharisme, est resté hors du mouvement mais le protestant Pierre Dévoluy a été promu au capouliérat. Parmi les catholiques, le capélan-félibre, souvent modeste curé de campagne, a été un personnage du Félibrige.


Frédéric Mistral

La langue d'oc n'a pu occuper qu'une place modeste dans les liturgies catholiques jusqu'au concile de Vatican II. Ce dernier a permis la traduction intégrale du missel et du lectionnaire, travail d'équipe et de longue durée. La création religieuse en provençal, souvent poétique, s'est accompagnée de la prédication orale et imprimée. L'ambition de faire entrer dans la litttérature provençale le grand genre prestigieux de l'éloquence sacrée est ainsi manifeste dans le recueil des panégyriques du chanoine Grimaud.

Le Félibrige a voulu graver dans la pierre l'existence de la langue provençale : l'inscription de la Croix-de-Provence sur la Sainte-Victoire en est un exemple. Il a participé à "l'invention de la tradition" : qui sait que Mistral n'a jamais connu le nombre des "treize desserts", mis au point par les félibres de la génération suivante ou que le rituel actuel du "pastrage" est félibréen ? Les rituels collectifs du mouvement et sa religiosité à l'égard de la langue et de la petite patrie ont été également étudiés.

Cette journée d'études et l'ouvrage qui en est le fruit comblent une lacune des études régionales montrant la variété des rapports entre le Félibrige et les religions, et l'originalité d'un mouvement qui n'a guère eu, par sa durée et des objectifs, d'équivalent véritable en France.

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